Programmé lundi 30 novembre à 22 h 20 sur Arte, « Jean Rochefort, l’irrésistible » dresse un portrait sensible et nuancé de l’inoubliable acteur.
La chaîne franco-allemande propose une soirée dédiée au comédien, avec un film suivi d’un documentaire inédit. Nous l’avons vu pour vous.
Jean Rochefort, une voix tout de suite identifiable, comme celle de Jean-Pierre Marielle, l’un de ses amis les plus proches. Inoubliable, il a marqué des générations de Français. « Jouer avec Jean, c’était comme jouer avec Dieu », a dit Gérard Jugnot. Ils avaient partagé l’affiche de Tandem (1987), signé Patrice Leconte, qu’Arte diffuse en première partie de soirée. C’était l’un des films préférés de Jean Rochefort, qui nous a quittés le 9 octobre 2017. Arte lui rend hommage en diffusant à la suite le documentaire inédit Jean Rochefort, l’irrésistible.
Un talent unique
Tendre, élégant et mélancolique, le portrait est à l’image de l’acteur, cet amoureux de la nature, originaire de Bretagne et admirateur de Buster Keaton. Le film déploie une masse d’archives, photos, extraits de films et témoignages : son fils Julien, Patrice Leconte, Guillaume Canet, Bertrand Tavernier…
Sa carrière est retracée, mais sa vie intime également. Nous sont racontées son enfance en Bretagne et ses mauvaises notes en calcul. « Ce manque de logique, analyse son fils Julien, lui permettait […] d’être génial dans certains rôles. » Ce grain de folie l’autorisait à des scènes improvisées, sublimes, burlesques, qui ne pouvaient avoir de sens que si elles étaient jouées et inventées par lui.
Traumatisé à 14 ans
Le documentaire souligne aussi que Jean Rochefort était « un pessimiste assez forcené », comme le dit Antoine de Caunes. Adolescent, il a été marqué par un événement qui l’a hanté toute sa vie. Comme pour l’exorciser, il l’a raconté à de multiples occasions. Il a vu une de ces terribles scènes de la Libération, en 1945, en Bretagne, lorsque les femmes ayant fréquenté des Allemands étaient tondues, exposées sur la place publique. « L’une d’entre elles, dit-il, nue, enchaînée, couverte de croix gammées et de crachats », regardait impuissante son bébé de quelques mois être tenu par les pieds. Quelque chose a été brisé en Jean Rochefort pour toujours. Il a dit avoir voulu secourir la femme, mais il n’a pas osé. Il avait 14 ans.
Ce passage du récit de sa vie est fondateur. Puisque la vie est absurde, Rochefort explique s’être par la suite réfugié dans la fiction, dans le mélodrame. Il décide de devenir comédien à 17 ans en sortant de la représentation d’une pièce de théâtre. La suite est connue : il se forge une bande de copains, à la vie, à la mort, au conservatoire d’art dramatique de Paris, dont Belmondo et Marielle.
On apprend aussi que le héros d’Un éléphant, ça trompe énormément est un séducteur à la vie comme à l’écran. L’acteur moustachu s’est marié trois fois et a également eu une longue histoire d’amour avec Nicole Garcia. Cinq enfants sont nés de toutes ces unions.
Je vais regarder.