Mots choisis
Modérateur : Modérateurs
- Kullervo
- chef eskimo
- Messages : 7180
- Enregistré le : samedi 18 mars 2006, 15h07
- Localisation : Guichen
- Contact :
Retour à Killybegs - Sorj Chalandon (Grasset, 2011)
A la frontière avec l’Irlande du Nord, les britanniques nous ont fait descendre du camion. (...) C’était la deuxième fois que je voyais un drapeau britannique.
La première, ce fut le 12 Juin 1930, dans le port de Killybegs. Le Go Ahead, un chalutier anglais à vapeur, faisait escale pour réparer une avarie de moteur. Il avait deux mâts, des voiles rouge sombre et sa cheminée crachait une fumée noire. En moins d’une heure, la moitié du village était sur la jetée. J’avais cinq ans. Je tenais la main de Séanna, et mon père était là aussi. Pendant que les marins installaient l’échelle de coupée, mon frère me faisait lire l’immatriculation du bateau, peinte en blanc sur la poupe. Je reconnaissais les chiffres, j’étais fier. J’ai même gardé longtemps le numéro - LT 534 - que j’ai recopié avec maman en rentrant à la maison. Deux policiers du port sont montés à bord, un drapeau irlandais à la main. Le pavillon de courtoisie que le capitaine avait envoyé était taché et déchiré. Alors Killybegs leur a offert un drapeau irlandais tout neuf. Il a été hissé à tribord, sur le mât de devant. Les policiers ont salué la montée des couleurs. La foule a applaudi bruyamment. Accoudés au bastingage, les marins anglais fumaient sans un mot. Leur drapeau sommeillait à l’arrière, immense, enroulé par notre vent autour de son mât.
A la frontière avec l’Irlande du Nord, les britanniques nous ont fait descendre du camion. (...) C’était la deuxième fois que je voyais un drapeau britannique.
La première, ce fut le 12 Juin 1930, dans le port de Killybegs. Le Go Ahead, un chalutier anglais à vapeur, faisait escale pour réparer une avarie de moteur. Il avait deux mâts, des voiles rouge sombre et sa cheminée crachait une fumée noire. En moins d’une heure, la moitié du village était sur la jetée. J’avais cinq ans. Je tenais la main de Séanna, et mon père était là aussi. Pendant que les marins installaient l’échelle de coupée, mon frère me faisait lire l’immatriculation du bateau, peinte en blanc sur la poupe. Je reconnaissais les chiffres, j’étais fier. J’ai même gardé longtemps le numéro - LT 534 - que j’ai recopié avec maman en rentrant à la maison. Deux policiers du port sont montés à bord, un drapeau irlandais à la main. Le pavillon de courtoisie que le capitaine avait envoyé était taché et déchiré. Alors Killybegs leur a offert un drapeau irlandais tout neuf. Il a été hissé à tribord, sur le mât de devant. Les policiers ont salué la montée des couleurs. La foule a applaudi bruyamment. Accoudés au bastingage, les marins anglais fumaient sans un mot. Leur drapeau sommeillait à l’arrière, immense, enroulé par notre vent autour de son mât.
- droopy
- Dark hmpf
- Messages : 34612
- Enregistré le : lundi 13 mars 2006, 10h39
- Localisation : Luxembourg, hélas.
La France, empêtrée dans son hyperréglementation, alourdie par un Etat tout-puissant, est désormais au pied du mur. Celui du capitalisme, qui, écrit A. Chalandon, n'est pas une doctrine, mais la vie. La liberté.
Mince, je ne l'ai toujours pas lu !
"Proverbe borgne : Il faut être deux pour loucher." - R.Dubillard -
Kullervo a écrit :Retour à Killybegs - Sorj Chalandon (Grasset, 2011)
A la frontière avec l’Irlande du Nord, les britanniques nous ont fait descendre du camion. (...) C’était la deuxième fois que je voyais un drapeau britannique.
La première, ce fut le 12 Juin 1930, dans le port de Killybegs. Le Go Ahead, un chalutier anglais à vapeur, faisait escale pour réparer une avarie de moteur. Il avait deux mâts, des voiles rouge sombre et sa cheminée crachait une fumée noire. En moins d’une heure, la moitié du village était sur la jetée. J’avais cinq ans. Je tenais la main de Séanna, et mon père était là aussi. Pendant que les marins installaient l’échelle de coupée, mon frère me faisait lire l’immatriculation du bateau, peinte en blanc sur la poupe. Je reconnaissais les chiffres, j’étais fier. J’ai même gardé longtemps le numéro - LT 534 - que j’ai recopié avec maman en rentrant à la maison. Deux policiers du port sont montés à bord, un drapeau irlandais à la main. Le pavillon de courtoisie que le capitaine avait envoyé était taché et déchiré. Alors Killybegs leur a offert un drapeau irlandais tout neuf. Il a été hissé à tribord, sur le mât de devant. Les policiers ont salué la montée des couleurs. La foule a applaudi bruyamment. Accoudés au bastingage, les marins anglais fumaient sans un mot. Leur drapeau sommeillait à l’arrière, immense, enroulé par notre vent autour de son mât.
Pitêtre que le Père Noël va me l'apporter. J'espère !!