Un - petit - condensé de ce que j'ai posté sur le PO:
Sur le présupposé de base "noirs=athlètes":
le plus gros problème que je vois dans le débat actuel est son hémiplégie logique; si je voulais aller plus loin, je dirais presque qu'on assiste à une des manifestations de la "lepénisation des esprits": très peu de personnes, y compris parmi "journalistes" sportifs et beaucoup ici, ne tiquent sur le présupposé de base qui est de lier "noir" à "qualités athlétiques". La plupart des intervenants dans le débat sautent cette étape du raisonnement, en la considérant comme acquise, et vont directement à la question "doit-on mettre des quotas en place". Je trouve ça effrayant. Ce sont Peter Hansson, Felix Katongo et Christophe Lemaître qui doivent bien se marrer. Ca rappelle aussi le terme de la série The Wire (puisqu'on parle séries, tiens): "BNGB" - "Big Black with a Big Gun" (quand un blanc n'est pas habitué à fréquenter des noirs, le blanc les voit un peu tous comme des grands baraqués dangereux).
J'avais lu une interview de Bernard Faure il me semble (le gars qui commente l'athlé sur France 2 avec Patoche Montel) dire que la supériorité athlétique des noirs n'était pas physiologique mais un phénomène sociologique (peu de personnes en France n'ont la volonté ou l'incitation à faire des entraînements de marathon à la mode éthiopienne par exemple), une idée lue plus tard également dans un article du monde ou du rue 89.
Sur la double nationalité qui serait un problème pour l'EDF:
La double-nationalité est un faux problème. Non seulement la question de GSTQ est valide ("depuis quand un autre pays nous a t-il pris un joueur qui aurait eu sa place en équipe de France?"), mais la prendre à rebours ("il faut se demander combien de petits Français de souche techniques n'ont pas eu la chance d'exploser à cause des places trustées par les grands noirs baraqués qui sont ensuite partis à l'étranger") ne marche pas:
- premièrement, cette prise à rebours est pure supposition ("avec des si..."), tandis que la question de GSTQ est réalité;
- deuxièmement, affirmer ce rebours, c'est présupposer (à nouveau une supposition) que l'inverse n'est pas vrai (des grands costauds ont été empêchés d'éclore parce qu'un petit technique leur a pris la place au centre de formation; rien qu'à Rennes on doit avoir pas mal de cas comme ça);
- enfin, d'un point de vue légal, bonne chance pour faire inscrire une quelconque règle discriminatoire pour un double-national, qui, on le rappelle dispose exactement des même droits qu'un français aux papiers français à 100%.
Et une réponse à des arguments d'un blog de droite nationaliste, fourni sur le PO:
Sur le point 1 ("Francis Smerecki est le premier à mettre sur la table la question raciale"): mettre la question de la race sur la table n'est pas forcément un problème, c'est ce qu'on en fait qui est problématique. Mombaerts met la question de la nationalité sur la table, Blanc immédiatement après commence à établir le chien nationalité-race en cibland les "équipes africaines" (rien de directement critiquable pour l'instant, on peut lui accorder le bénéfice du doute à ce stade). Les deux évoquent un quota informel. Smerecki veut comprendre alors il demande si selon Blanc il faudra ne garder que les blancs (probablement ce que tu associes à "mettre la question raciale sur la table en premier"). Et là Blanc répond en associant explicitement blacks et qualités physiques, confirmant au passage son premier pont entre questions de nationalité et questions de race ("équipes africaines").
Smerecki rappelle très justement que quelqu'un qui a la double nationalité franco-étrangère n'a pas en conséquence que 50% des droits d'un français mais bien 100%. Il est français à part entière légalement et toute discrimination sur la base de son autre nationalité n'est pas possible. Sans même parler de races, on observe déjà un petit exemple intéressant du glissement des mentalités/confusion des esprits quand Laurent Blanc répond "on ne veut pas éliminer les étrangers" en parlant de français bi-nationaux. Et puisque tu tires des conclusions très générales sur l'influence d'Edwy Plenel sur la société, je te demande quelle influence sur la société aurait la décision de ne donner aux bi-nationaux que certains droits et de bien leur faire comprendre qu'ils ne sont pas égaux en droits avec les français 100% ? En celà, la réponse cynique de Mombaerts est symptomatique: il veut du "non-dit", renforçant ainsi le long chapelet de règles "non-dites" qui grêvent le parcours de pas mal de bi-nationaux en France.
Point 2 ("Laurent Blanc ne fait que confirmer son opposition à la règle de la FIFA qui laisse les joueurs à double-nationalité choisir tardivement leur sélection"): non seulement la double nationalité est un faux problème dans le cas de l'équipe de France (ou au plus un problème non démontré, voir plus haut), mais surtout ce n'est pas le coeur du problème dans les propos de Laurent Blanc. Le coeur du problème vient quand il associe directement race (et non plus seulement nationalité) avec certaines qualités physiques (Mombarts ajoute en sous-entendu les déficiences intellectuelles à ce portrait de race, mais le passage n'est pas assez clair pour l'incriminer sur ce point).
Point 3 ("Laurent Blanc veut seulement changer les profils de joueurs retenus pour aller vers du plus technique"): bonne idée, qui pourrait effectivement s'opposer à ça? Mais encore une fois, le problème n'est pas là. Le problème est qu'il veut faire celà en formant "moins de blacks", associant automatiquement blacks avec un certain type d'individu. Allant au passage contre la science et faisant un non-sens sociologique total.
Point 4 ("propos maladroits, mais tenus dans le cadre d'une réunion informelle donc on ne peut pas les poursuivre"): absolument. Je ne sais pas si des poursuites sont possibles. N'en reste pas moins ce glissement intéressant/inquiétant visible dans la conception que se font Blanc, Blaquart et Mombaerts des bi-nationaux (des "étrangers") et des races (blacks puissants).